samedi 1 juin 2013

Centre du Vietnam, entre Montagne et mer, de Ngoc Hoï à Hué

Du 13 au 22 Avril 2013

370 kms




     La duong Hô Chi Minh (HCM) est une des deux routes nationales principales qui traversent le Vietnam du nord au sud, de Ha Noï à Hô Chi Minh City. Elle suit la cordillère Annamitique tandis que la QL1 longe la côte. La route HCM est ainsi nommée en hommage à la piste homonyme qui était utilisée pendant la guerre du Vietnam par l’armée du nord pour ravitailler en armes et nourriture les combattants du Viet Minh au sud. Il s’agissait d’un ensemble de voies (et non d’une simple piste) qui suivait la cordillère Annamitique sur une distance d’environ 2.000kms, serpentant entre le Laos (majeur partie), le Cambodge et le Vietnam. Dans les années 60 parcourir la « piste HCM » était une épreuve de force (1) et de chance. Des centaines de milliers de tonnes de bombes y ont été lâchées par les américains  sur la piste.

Nous sommes bien sur la route Hô Chi minh.


     Nous avons emprunté cette route HCM en direction du nord, entre Ngoc Hoï et Khâm Duc. Cette portion d’une centaine de kilomètres passe au-dessus de rizières encaissées et à travers des villages Kinh (une des 54 minorités reconnues par le gouvernement vietnamien) reconnaissables à leurs maisons communales typiques. Ici, contrairement à ce que nous avions observé dans la cordillère du côté Laotien, chaque parcelle cultivable est exploitée et les villages sont nombreux et rapprochés. La végétation est luxuriante dans cette région; nous en avons compris la raison en nous faisant tremper 2 jours de suite et en traversant des nappes de brouillard « à couper au couteau ».

Maison communale typique d'un village Kinh

Retour de l'école à vélo.

Un des jeux préférés des enfants: faire la course avec nous dans les côtes.

Les montagnes de la cordillère Annamitiques, avant la pluie...

... Sous la pluie...

... Après la pluie.


     Lorsque nous avons quitté la route HCM pour filer plein est en direction de la mer de Chine, le temps s’est radouci et nous avons retrouvé le soleil. Nous avons fait étape dans le village de Hiep Dùc puis rejoint Hoï An en empruntant des petites routes. C’est ainsi que nous avons fini, une fois encore, sur une piste en travaux où nous ne nous sommes pas embourbés (contrairement à d’habitude) mais avons dû faire un peu d’escalade et de portage des vélos et des sacoches pour franchir une zone critique. Malgré tout, l’effort n’était pas vain. Après ce passage pénible nous avons retrouvé une petite route qui se faufilait à travers les rizières et sur laquelle était étalé le riz récemment récolté séchant au soleil. Arrivés au village de Cam Kim au bord de la rivière Thu Bon, nous avons pris un bateau pour rejoindre Hoï An, sur la rive opposée.

Récolte du riz

Séchage du riz sur le bord de la route

Traversée de la rivière Thu Bon

     Hoï An était un important port de commerce jusqu’au XVIIème siècle attirant les marchands Chinois, Japonais, Européens et Indiens qui s’y installaient pendant la saison sèche. Par la suite, son activité marchande a périclité au profit du port de Da Nang quelques dizaines de kilomètres au nord et plus facile d’accès. Elle est une des rares villes à ne pas avoir été bombardée pendant la guerre du Vietnam et ses maisons à l’architecture vietnamienne typique ont été parfaitement conservées, ce qui lui vaut d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999. Chaque année à la saison des pluies, la ville est inondée et les habitants utilisent des systèmes de poulies pour suspendre leurs meubles au plafond pendant la crue. Les maisons abimées par la montée des eaux sont rénovées tous les ans (peintures, remplacement de piliers, etc.).

Idéogramme chinois "en oiseaux" présent sur un pilier d'une des maisons traditionnelles de Hoï An

     Notre arrivée à Hoi An a été pour le moins déconcertante. Simplement en traversant une rivière, nous sommes passés de la campagne vietnamienne et du régime cóm (riz) et phó (soupe de nouille) à un centre historico-touristique constitué de maisons parfaitement rénovées aux façades jaune moutarde. Dans les rues déambulent des groupes de touristes, à pied, en cyclo-pousse ou à vélo. Les boutiques de souvenirs s’y accumulent, ainsi que des restaurants proposant de la cuisine occidentale ou de la « nouvelle » cuisine vietnamienne (le canard laqué est servi avec des pommes de terre sautées) et des boulangeries chics vendant de véritables baguettes à la française, des tartelettes, et des brownies. Passée une première impression assez mitigée, nous avons apprécié de nous balader dans les rues piétonnes et cyclables de cette ville-musée, surtout le matin avant que des hordes de touristes ne l’envahissent. Nous n’y sommes cependant restés qu’une journée et demie.

Hoï An vue de la rivière Thu Bon

Le pont Japonais, Hoï An 

Groupe de touristes visitant Hoï An en cyclo-pousse


Maison communautaire, Hoï An

Statue dans le jardin de la maison communautaire de la congrégation Chinoise Cantonaise
Hoï An

    Pour rejoindre Da Nang, 30 kms au nord de Hoï An, nous avons longé la côte de la mer de Chine. Les villages de pêcheurs y font place à des resorts plus ou moins luxueux, plus ou moins achevés. Il reste néanmoins quelques belles plages d’accès aisé et nous avons pu prendre notre premier bain dans la mer depuis la Thaïlande: une eau turquoise, d’une température parfaite - ni trop chaude, ni trop froide - bordant une plage de sable fin… le bonheur.

Entre Hoï An et Da Nang, l'endroit rêvé pour un premier bain dans la mer de Chine

     Cette toute petite étape nous a permis de rejoindre Da Nang tôt en début d’après-midi et de profiter de la ville. Un pont moderne nous a transportés de la zone touristique côtière, composée uniquement d’hôtels qui semblaient aussi vides que neufs, à un centre-ville vivant et dynamique. Les supermarchés, les cafés wifi et les chaines de fast-food internationales (KFC, Burger King, etc.) y côtoient les petites échoppes et les stands de street-food traditionnels. Même s’il y a peu à y visiter (à part, dixit notre amie Flo, un très intéressant musée sur la culture Cham que nous avons raté), l’ambiance de la ville vaut le détour.

Pont en forme de dragon, Da Nang

Da Nang

Supermarché de Da Nang: on ne rigole pas avec la "vache qui rit"!


     Le Vietnam a une forme très allongée, proche de celle d’un « S », et sa largeur est parfois réduite à moins de cinquante kilomètresLes montagnes de la cordillère Annamitique plongent dans la mer de Chine au niveau de l’un de ces passages étroits, le col de Hai Van (le « col des nuages ») à une vingtaine de kilomètres au nord de Da Nang. Dix kilomètres d’ascension modérée nous ont amenés à 480m d’altitude d’où nous avons profité d’une vue panoramique, d’un côté sous les nuages, et de l’autre sous un magnifique soleil!

Bord de mer entre Da Nang et le pied du col de Haï Van (en fond)

Montée au col de Haï Van dans la brume...

... et descente sur Lang Co sous le soleil.


     Ce jour là nous avons fait étape dès midi à Lang Co, un village où se mélangent pêcheurs et touristes, coincé entre la mer et le lagon Vung An Cu, juste au bas du col de Haï Van. Nous avons utilisé notre demi-journée de repos pour profiter d’une grande plage de sable blanc et des restaurants de poissons et de fruits de mer au bord du lagon dans lesquels vous pouvez choisir votre futur repas directement dans des aquariums.

Poissons, coquillages, crabes... à vous de choisir!

Lagon Vung An Cu

Lagon Vung An Cu

     Le lendemain nous avons rallié Hué, toujours en longeant la côte. Au paysage entre mer et montagne sont venues s’ajouter des tombes. Des dizaines, des centaines de tombes, plus monumentales les unes que les autres, s’étendant à perte de vue sur le sable. Elles semblaient appartenir à au moins deux des confessions religieuses du Vietnam : Cao Dai  symbolisée par un globe terrestre orné de l’œil de la providence, et chrétienne avec une croix.

Des tombes plus monumentales les unes que les autres

Lagon Dam Cau Haï

Entre Lang Co et Hué

Entre Lang Co et Hué


     Hué fût la capitale impériale du Vietnam du 1802 à 1945. Contrairement à Hoï An, elle a été lourdement bombardée par les Américains pendant la guerre et la cité impériale a été presque entièrement détruite. Aujourd’hui, une grande partie des bâtiments officiels, des résidences impériales et des temples ont été restaurés. Cet impressionnant complexe est entouré par des fortifications de plus de 10 kms de long; les groupes de touristes (souvent chinois) s’y déplacent en minibus électriques.

Porte Quang Duc, Hué

Tour du drapeau, Hué

Galerie, palais Canh Chanh, Hué

Porte, cité impériale, Hué

Cité impériale, Hué

Cité impériale, Hué

Minibus électrique assurant le transport des touristes dans la cité impériale


     La campagne autour de Hué renferme également quelques trésors tels que la pagode de Thien Mu et sa tour octogonale et les tombes des empereurs de la dynastie Nguyen, dont celle de Tu Duc. Ces dernières servaient de résidences secondaires aux empereurs avant qu’ils y soient enterrés. En pratique, certains tombeaux sont vides car les empereurs reposent dans d’autres lieux gardés secrets.

Pagode Thien Mu, au bord de la Perfume river

Perfume river

Pavillon Xung Khiem, Tombeau de Tu Duc

Pavillon de la Stèle, Tombeau de Tu Duc

Pavillon de la Stèle, Tombeau de Tu Duc

     Pour s’accorder avec l’histoire et la géographie du Vietnam, ce post devrait s’arrêter avec notre traversée de la rivière Ben Haï, frontière historique entre le sud et le nord du Vietnam. Mais nous en sommes encore à une centaine de kilomètres et je préfère garder quelques aventures pour le prochain post…

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